En manque de sucre :)

Fin des cours. Susumu devait être en forme, mais non. Il avait fouillé son sac, l'avait vidé sur les marches de l’escalier, mais non, il n'avait pas trouvé ce qu'il cherchait. Le blond s'assit sur les marches, et prit son sac sur ses genoux, avant d'y plonger les mains et de fouiller entre ses cahiers : il n'avait plus un seul bonbons. Pourtant, il avait faim, la cantine n'ouvrirait pas avant pas mal de temps, il n'avait pas d'argent sur lui pour aller en acheter au combini, et en plus il avait oublié la clé de sa chambre... dans la chambre. Pour pouvoir y retourner, il devrait retrouver Shin ou Jaden.
Il soupira, et croisa et bras. Il se sentit vraiment bête. Il était tellement accro au sucre qu'il se sentait obligé de manger des bonbons à chaque fois qu'il avait finit les cours, où qu'il avait du temps libre. Il resta assis sur les marches : de toute façon, il n'avait aucun autre endroit où aller.

Il entendit des bruits de pas, mais ne bougea pas de sa place.

Les cours s'étaient déroulés sans encombre pour Yoru. Cette journée achevé, il venait de fermer la salle et se mettait en route pour son chez lui! Ayant traversé les couloirs, il descendait les escaliers. Aaah quelle journée. C'était bien mais... fatigant. Il profita de la solitude pour vérifier le contenu de son sac. Mince... j'ai encore des devoirs à corriger pour ce soir. Je sens que cette soirée va être longue... Un léger soupire s'échappa de ses lèvres. Il arrivait aux dernières marches à descendre. Il s'arrêta soudainement. Tiens? Un élève ici? A cette heure? Il regarda un peu plus attentivement l'élève dos à lui. Une légère tignasse d'un blond miel Hm...Ah! Le plaisantin de la 2-A! Yoru n'avait rien à craindre alors. Il descendit un peu plus jusqu'à ce qu'il arrive à la hauteur de l'élève.

-Shyghost... Qu'est-ce que tu fais encore là à cette heure?
Il se pencha un peu pour planter son regard dans celui de Susumu. Le professeur affichait son plus beau sourire pour le mettre en confiance.

Susumu avait posé sa tête sur ses mains, et attendait sans rien dire -de toute façon il n'avait pas pour habitude de parler tout seul-, toujours sur les marches de l'escalier. Il ne tourna même pas la tête quand il entendit les pas se rapprocher de lui, mais sursauta quand il entendit son nom jaillir derrière lui :

-Shyghost... Qu'est-ce que tu fais encore là à cette heure?

Le garçon leva la tête, un air étonné sur le visage. Il leva ses yeux bleus-gris vers le nouveau venu, et lui lança un regard du bienvenu, comme si le professeur venait de rentrer chez lui. Il s'écarta légèrement du chemin -tellement légèrement que s'en fut totalement inutile-, et lança un sourire à Yoru.

« Eh bien... Euh, en fait, je ne sais pas vraiment où aller, alors je me suis arrêté ici. »

Il haussa légèrement les épaules, et détourna la tête, en fixant le mur.

« Mais bon... »

Il ne savait pas trop quoi dire à un professeur, surtout dans ces circonstances. Il n'avait jamais été très à l'aise avec les adultes. De part son ton calme mais hésitant, un mur s'était comme figé entre lui et Yoru. Et Susu n'aimait pas ça, il détestait le silence. Mais il ne trouva rien à ajouter. Il rougit légèrement et détourna automatiquement, avant de la reposer sur ses mains.

-Eh bien... Euh, en fait, je ne sais pas vraiment où aller, alors je me suis arrêté ici.

Un bref "Ah" sortit de la bouche de Yoru. Un étrange silence s'installa. Quel ennui soudain... Ne sachant quoi dire, Yoru regarda nerveusement son poignet. Mince, c'est vrai... j'ai pas de montre. Il dirigea à nouveau son regard sur Susumu qui fixait le vide. Le silence était un peu plus pesant. Ce fossé entre lui et Susumu était de plus en plus insoutenable.

-Et sinon... tu as passé une bonne journée?

Autant engagé une discussion. Yoru ne voulait pas que son élève ne le considère que comme un professeur. C'était donc pour lui l'occasion de devenir un ami pour Susumu. En espèrant que celui-ci s'intéresserait à la conversation. Il se remémora le jour de leur rencontre. Ou plus précisément, le premier cours, lorsque les élèves se présentaient à tour de rôle.

-Tu sais, quand tu t'es présenté, tu m'as surpris. Je ne m'attendais pas à ce que tu sois comme ça. J'ai trouvé ça assez intéressant. Tu me rappelles vaguement quelqu'un.

Bien sûr, les derniers mots qu'il avait prononcé étaient faux. Il fallait juste aborder un sujet quelconque!

« Et sinon... tu as passé une bonne journée? »

Susumu lança à nouveau un regard derrière lui. Il observa le professeur, et réfléchit vaguement. Une bonne journée. Susumu ne s'était jamais vraiment posé ce genre de questions. Il s'ébouriffa rapidement les cheveux pour se donner une contenance, ce qui le décoiffa encore plus qu'avant.

« Bah, oui, bien sûr. Je passe toujours des bonnes journées. »

« Tu sais, quand tu t'es présenté, tu m'as surpris. Je ne m'attendais pas à ce que tu sois comme ça. J'ai trouvé ça assez intéressant. Tu me rappelles vaguement quelqu'un. »

Susumu soupira et ne put se retenir de rire. Il se mit debout, en ayant un peu marre de discuter d'en bas : on pouvait avoir une vue d'ensemble, c'était pas mal, mais pas très pratique quand même. Susumu s'adossa au mur et croisa les bras, fixant le professeur avec un sourire, comme d'habitude.

« Comme ça? Comment ça, comme ça? Je vois pas vraiment pourquoi. » demanda-t-il sincèrement, sur un ton qu'il voulait bougon.
« Et vous, vous ne vous êtes pas présenté, la dernière fois. Montrez-moi donc la présentation parfaite que vous attendiez de vos élèves. »

C'était la première fois que Susumu était dans cet état. Et surtout la première fois qu'il "n'aimait pas" quelqu'un, ce qui était vraiment, vraiment un exploit chez lui. Le caractère du professeur lui semblait parfaitement hypocrite, et le sourire sur son visage parfaitement ironique. Susumu n'aimait pas qu'on se moque de lui, qu'on l'ignore ou alors qu'on le juge trop vite. Dès le début, le professeur Natsui lui avait parut cynique.
Plus blessé qu'énervé, Susumu ne lui en avait jamais voulut. Bien qu'a cet instant précis, il ne l'aimait pas, il savait pertinemment qu'il allait quand même finir par ne plus en vouloir, c'était dans sa nature. Mais un truc n'allait pas chez son prof. Sans qu'il puisse s'en empêcher, Susu lui envoya un regard triste.

Le jeune garçon répondit plus vite que l'éclair. Il s'adossa au mur en continuant de fixer son professeur.

-Comme ça? Comment ça, comme ça? Je vois pas vraiment pourquoi.

Mais Susumu ne laissa pas à Yoru le loisir de répondre, il continuait de le questionner sans retenue.

-Et vous, vous ne vous êtes pas présenté, la dernière fois. Montrez-moi donc la présentation parfaite que vous attendiez de vos élèves.

Là, Yoru avait deviné de quel oeil il était vu. Il devait paraître plus qu'étrange. C'était aussi évident qu'un chat qui chantait comme une casserole. Un sourire ironique étira ses lèvres. Il répondit tranquillement.

-Tout d'abord, si j'attendais une présentation "parfaite" de la part des élèves, je n'aurais pas demandé à ce qu'elle soit "originale". Et si tu veux que je me présente ce sera très bref: je m'appelle Natsui Yoru, je suis professeur d'anglais au lycée Sakura, j'ai 21 ans, je suis né à New-York, j'ai vécu dans une famille aisée, j'ai eu la chance de vivre mon rêve qui m'a permit de voyager aux quatre coins du monde. J'ai eu des classes de tous les genres, et cela fait plus d'un an que je suis arrivé au Japon. Voilà tout.

En vérité, il avait raconté sa vie, peut-être pas en détails, mais il l'avait fait. En revanche, la première question n'avait eu aucune réponse de sa part. Pensant qu'après ce long discours, Susumu allait l'oublier.

Susumu écouta attentivement le professeur, du début à la fin, sans cesser de le regarder.

-Tout d'abord, si j'attendais une présentation "parfaite" de la part des élèves, je n'aurais pas demandé à ce qu'elle soit "originale". Et si tu veux que je me présente ce sera très bref: je m'appelle Natsui Yoru, je suis professeur d'anglais au lycée Sakura, j'ai 21 ans, je suis né à New-York, j'ai vécu dans une famille aisée, j'ai eu la chance de vivre mon rêve qui m'a permit de voyager aux quatre coins du monde. J'ai eu des classes de tous les genres, et cela fait plus d'un an que je suis arrivé au Japon. Voilà tout.

Le garçon haussa les sourcils. Alors c'était ça. Susumu réfléchit quelques secondes, essayant de comprendre le but du professeur : d'abord, il demandait à ses élèves une présentation originale, sans "Je m'appelle ci, j'ai tel âge et je viens de là." Et pourtant, c'est exactement ce qu'il venait de faire. Susumu l'observa sans comprendre, un peu troublé. En fait, le blond s'en fichat complètement de la présentation du professeur, il voulait juste savoir à quoi il s'attendait.

« Alors, ma présentation à moi, elle était parfaite ou originale? » Ou aucun des deux? songea Susumu. Mais est-ce que c'est possible?

Il lui lança un regard à la fois provocateur et interrogateur. Il n'était pas vraiment dans son état normal. Alors c'était comme ça quand il manquait de bonbons?... Ou peut-être tout simplement que le comportement du professeur l'avait particulièrement troublé. Susumu ne le lâchait pas du regard.

« Expliquez-moi donc sur quel bases vous me jugez, et quels sont les critères. J'aimerais savoir, parce que là j'ai dû mal à vous suivre, monsieur Entrée-Fracassante. Et vous pouvez être naturel avec moi. Je n'ai pas besoin de ce genre de sourire. »

Susumu fit allusion au sourire amical que le professeur arborait depuis le début de la conversation. Le blond se tut et attendit. Il savait bien qu'il allait trop loin. Mais la façon de penser des deux garçons étaient radicalement opposés.
Susumu se sentit soudain étrange. il était seul dans ce couloir, avec Natsui-sensei, et ils parlaient d'un truc complètement futile, en s'étendant sur le sujet pendant trois plombes. Son sourire avait quitté son visage. Le garçon regarda à nouveau l'homme, et se demanda pourquoi il ne l'aimait pas. Il lui rappelait sûrement quelqu'un, ou plutôt une situation qu'il avait déjà vécu. Ou peut-être qu'il confrontait à quelque chose qu'il n'appréciait pas. Susumu se frotta les yeux.

Le jeune Susumu arqua les sourcils, l'air de dire "vous vous foutez de moi?" Qu'avait-il fait? Une présentation à sa façon. Bon, d'accord il avait cité son nom, prénom, d'ou il venait, mais il avait donné un peu plus de détails sur sa vie. Voilà ce qu'il attendait des élèves, voilà ce que les élèves ne savaient pas.
Yoru fût étonné du regard que son élève lui lançait. Il le fût d'autant plus quand il lui posa une question surprenante:

-Alors, ma présentation à moi, elle était parfaite ou originale?

A peine avait-il ouvert la bouche que Susumu répliqua sans hésiter:

-Expliquez-moi donc sur quelles bases vous me jugez, et quels sont les critères. J'aimerais savoir, parce que là j'ai du mal à vous suivre, monsieur Entrée-Fracassante. Et vous pouvez être naturel avec moi. Je n'ai pas besoin de ce genre de sourire.

Les yeux de Yoru s'ouvrirent un peu plus. Incroyable! C'était bien la première fois qu'un élève s'adressait à lui de cette façon. Surtout qu'il ne s'attendait pas à ce que celui-ci lui fasse passer un tel interrogatoire, assez froidement qui plus est.

-Je vais te dire. Je te juge parce que je suis ton professeur. Ton attitude et ton niveau de langue sont les seuls points sur lesquels je peux le faire. Je ne te juge pas en tant que personne que tu es. Pourquoi? Tout simplement parce qu'à l'avenir, tu n'auras à faire qu'à ça. Les employeurs jugent sur l'attitude et le niveau du candidat. C'est tout.

Le sourire lui revint aux lèvres.

-Et pour le sourire, ne pense pas que je le fais parce que je me sens obligé. Je ne suis pas ce genre de personne. J'ai l'impression que tu me juges déjà toi aussi, j'ai raison?

Susumu continua de regarder froidement son professeur. Celui-ci avait son petit air étrange sur le visage, ce qui énerva (Susumu? énervé?) un peu plus le garçon.

-Je vais te dire. Je te juge parce que je suis ton professeur. Ton attitude et ton niveau de langue sont les seuls points sur lesquels je peux le faire. Je ne te juge pas en tant que personne que tu es. Pourquoi? Tout simplement parce qu'à l'avenir, tu n'auras à faire qu'à ça. Les employeurs jugent sur l'attitude et le niveau du candidat. C'est tout.

Hin. Hin. Très drôle. Susumu lui lança un sourire, avant de pousser un soupir bruyant. Décidément, ce professeur n'avait aucune gêne. Il était en plus complètement illogique. Susumu résuma intérieurement la situation : il avait en face de lui un professeur, qui entre dans la classe avec une attitude tonitruante, qui veut qu'on lui fasse une présentation "original", qui lance des sourires amicaux aux élèves, qui fait même copain-copain avec eux, d'après la plupart des élèves, qui fait son professeur cool, et là, pour seul excuse de son attitude, il se fait passer pour un prof modèle? Susumu écarquilla les yeux. Et en plus, les cours venaient de commencer, que Natsui-sensei avait déjà une idée de Susumu, ce qu'il lui avait dit clairement le premier jour. Le blondinet écouta la suite :

-Et pour le sourire, ne pense pas que je le fais parce que je me sens obligé. Je ne suis pas ce genre de personne. J'ai l'impression que tu me juges déjà toi aussi, j'ai raison?

Hin. Hin. Encore une fois. Truc typique du gars qui rejette la faute sur les autres. Du même genre que "c'est celui qui le dit qu'il y est"... Cette fois, Susumu dit à voix haute ce qu'il pensait :

« Oh, bien sûr, évidemment. C'est comme ça. Vous savez pourquoi c'est comme ça? Parce que je suis votre élève. Votre capacité à nous apprendre et votre comportement envers les élèves sont les seuls points sur lesquels je peux le faire. Je ne vous juges pas en tant que personne que vous êtes. Pourquoi? Tout simplement parce que maintenant, je dois bien m'adapter à vous et à votre cours. Et pour ça j'ai besoin de ma faire une idée, une impression. Les élèves jugent les profs sur leur charisme et leur capacités de se faire respecter. C'est tout. »

Il avait pris exprès le modèle de réponse de son interlocuteur. Paf. Pris à son propre piège. Susumu mit sa main sur son front, il était de plus en plus mal. C'était brûlant, et son mal de crâne s'intensifiait. Le garçon ne lâchait pas des yeux son professeur d'anglais, une flamme de défi dans les yeux. Il se cramponna à la rampe d'escalier : il avait mal. Sa tête le cognait, mais il n'en laissa rien paraître. Il ferma les yeux le plus fort qu'il put : il en avait assez, il avait mal à la tête, sa tête lui tournait. Il en était sûr maintenant, ce n'était pas à cause de son manque de bonbons, c'était autre chose. La garçon garda les yeux fermer pour se soulager. Il voulait tellement être ailleurs en ce moment même, dans sa chambre, ou alors... Nulle part. Sa chambre était le seul endroit où il pourrait aller, où il voulait aller. il n'avait pas de "chez lui".
Il se mit la main devant les yeux et attendit, ce qui lui parut une éternité.

-Oh, bien sûr, évidemment. C'est comme ça. Vous savez pourquoi c'est comme ça? Parce que je suis votre élève. Votre capacité à nous apprendre et votre comportement envers les élèves sont les seuls points sur lesquels je peux le faire. Je ne vous juges pas en tant que personne que vous êtes. Pourquoi? Tout simplement parce que maintenant, je dois bien m'adapter à vous et à votre cours. Et pour ça j'ai besoin de me faire une idée, une impression. Les élèves jugent les profs sur leur charisme et leur capacités à se faire respecter. C'est tout.

D'accord. Cet élève voulait vraiment enfoncer Yoru. Sans le vouloir, il s'était fait un nouvel ennemi, qui était un élève. Dommage, mais que pouvait-il faire? Le dissuader? Non, Yoru n'était pas de ce genre. Il savait très bien qu'on ne pouvait pas être apprécier de tout le monde. Mais de toute façon, il n'était pas là pour se faire des amis. Juste enseigner. Certes, il aurait voulut être ce professeur que tous les élèves apprécient, et à qui ils se confient, avec lequel ils rient de bon coeur. Mais tant pis.
Yoru fût assez déçu. Il ne pensait pas que ça allait se passer comme ça. Il ne relâchait pas son élève du regard. Celui-ci mit sa main sur son front. Il faisait une drôle de tête. Progressivement, il semblait être souffrant. Un témoin ne pouvait pas rester là sans rien faire. Yoru se pencha un peu pour tenter de regarder le malade dans les yeux, mais en vain, celui-ci cachait ses yeux de sa main.

-Eh? Ca ne va pas?

-Eh? Ca ne va pas?

Susumu se sentit mal. Ses yeux le piquait, mais pas à cause de sa fièvre, mais de la voix du professeur. Celui-ci avait dit ça comme n'importe qui l'aurait fait, c'est-à-dire comme si leur dispute froide n'avait pas existé. Après tout, c'était peut-être normal, quand on voit quelqu'un de malade, on demande si ça va. Susumu mit cette fois ses deux mains sur son visage, comme pour disparaître, quand il était enfant :
Je ne veux pas qu'on m'aide. C'est ce qu'il disait toujours. Celui qui aime aider est aussi celui qui déteste le plus d'être aider. Susumu avait toujours été comme ça. Il en voulait au professeur de lui poser cette question, il ne voulait pas qu'on s'occupe de lui, de ce qu'il pensait et ce qu'il ressentait. C'était peut-être une forme d'égoïsme, mais Susumu ne pouvait se dépêtrer de ça. Il n'aimait déranger les autres, ainsi il gardait tout au fond de lui. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas été malade, mais il ne voulait surtout, surtout pas l'aide de quelqu'un. C'est le comportement de ses parents qui lui avait appris à se rendre invisible.
Quand il fut certain d'avoir réussi à retenir ses larmes, il ôta ses mains peu à peu et se mit droit, essayant d'être naturel.

« Bouh. » lança-t-il faiblement. Il détourna le regard en se mordillant les lèvres, espérant que le Natsui-sensei n'aurait pas remarqué ses yeux rouges et son teint pâle.
Il ne savait comment réagir.

« Bien sûr que je vais bien. Je vais toujours bien. »

Cela le ramena un peu en arrière, à la deuxième question de son professeur :
- Tu as passé une bonne journée?
- Bah, oui, bien sûr. Je passe toujours des bonnes journées.

Toujours. Tout va toujours bien, bien sûr. pensa-t-il dans un sourire ambigu. Le blondinet réfléchit à tout vitesse. Sa tête le faisait souffrir, et lui tournait. L'infirmerie, ou était-elle? Il ne savait plus. Dans son état normal, il aurait pu savoir, mais pas là. Et il ne pouvait pas demander à Natsui-sensei, qui verrait alors qu'il était faible, et malade. Il ne pouvait pas non plus descendre les escaliers avant son professeur, sinon celui-ci verrait tout de suite qu'il était étrange, comme sa tête tournait il ne marcherait peut-être pas normalement. Il réfléchissait le plus vite possible, pour mettre toutes les chances de son côté : il ne devait rien laisser paraître. Mais c'était un peu trop tard.
Il n'osa pas regarder son professeur dans les yeux, espérant qu'il partirait devant son silence.
Il va partir, rentrer chez lui. Je l'ennuie. Il n'a plus rien à faire. Je vous en supplie, partez. songea le jeune garçon, avant de fermer à nouveau les yeux.

Le jeune garçon était de plus en plus étrange. Il divagait sur place. Yoru s'approcha un peu plus de lui. Susumu posa maintenant sa deuxième main sur son visage. La première question qui passait par la tête de Yoru était la plus ordinaire et basique dans ces situations: "Il pleure?" Apparemment non, il ne tremblait pas.

-Bouh. Bien sûr que je vais bien. Je vais toujours bien. L'élève qui semblait inerte eut finalement une réaction... des plus surprenantes, et qui fit faire à Yoru un léger bond en arrière.
Susumu devenait de plus en plus pâle. Ses yeux étaient toujours clos et déviés ceux de son interlocuteur. Il allait définitivement mal, voire très mal. Mince... qu'est-ce que je dois faire? Inutile de dire qu'en fin de compte, Yoru n'était pas très doué dans les situations difficiles.

Instinctivement, il tourna la tête à droite à gauche. Mais rien ni personne ne pouvait l'aider. Même s'il n'était pas apprécié par cet élève, il fallait qu'il l'aide. Bon, aux grands maux, les grands remèdes! Sans demander son reste, Yoru prit Susumu par le poignet et l'entraîna hors des lieux, le conduisant vers l'infirmerie. Il le conduirait jusque là-bas, même s'il devait le traînait.

Susumu n'avait pas ouvert les yeux. Il ne voulait surtout pas voir la réaction de son prof, surtout pas. Il attendait. Sans rien faire.
Bon, aux grands maux, les grands remèdes!
C'est ce que Susumu entendit, avant d'ouvrir les yeux en grands : Natsui-sensei l'avait attrapé par le poignet et l'entraînait il-ne-savait pas-trop-où. A l'infirmerie, certainement : c'est ce que lui aurait fait. Il suivit le prof sans rien dire, de toute façon il n'avait rien à dire. Il regarda autour de lui : les lieux étaient déserts, les élèves étaient sans doute déjà retournés dans leur chambre, où alors ils se promenaient. Peut-être qu'ils étaient dans la cour? Il n'était pas tard. Enfin, Susumu pensait qu'il n'était pas tard, mais il s'en fichait, en fait. Tout ce qu'il espèrait, c'est qu'il n'avait pas raté le dîner, et que Kitsune ne l'attendait pas devant le porte pour pouvoir rentrer dans la chambre. Après tout, elle non plus n'avait pas de clé.
Excuse-moi Kitsune, mais si j'avais été là je n'aurais pas pu beaucoup t'aider, je n'ai pas de clé non plus. songea-t-il en retrouvant son sourire.

« Lâchez-moi. » dit le garçon, une fois les deux arrivés devant l'infirmerie. Il hésita devant la porte.
Je n'ai pas envie de lui être redevable...

[Suite à l'infirmerie ^o^]