Petit Susu demande des soins!

Yoru traînait Susumu avec lui depuis tout à l'heure. Ils avaient eu une longue discussion qui avait pris fin lorsque le jeune élève avait pris un teint pâle. Etant témoin de la scène et de l'état du jeune garçon, Yoru avait pris l'initiative - sans lui demander son avis - de l'aggriper par le poignet et de l'emmener à l'infirmerie. L'expression du visage de l'adulte avait complètement changé. Maintenant il n'affichait qu'un air ferme et déterminé.

Sur le chemin, Susumu cracha presque un bref "Lâchez-moi" que Yoru ignora. En temps normal, il l'aurait lâché et laissé faire son chemin par lui-même. Mais là, c'était un cas d'urgence. Il ne prit même pas la peine de regardait par-dessus son épaule si oui ou non son suivant était sur le point de flanché.

-Je sais que tu ne veux pas que quelqu'un comme moi s'occupe de toi, ou t'aide dans ce genre de moment. Mais vu que je suis le seul dans les parages à t'avoir vu, je ne vois pas d'autre solution. Alors que tu le veuilles ou non, je t'emmène à l'infirmerie.

Le professeur serra un peu plus sa main autour du poignet de Susumu pour l'empêcher de prendre une quelconqu'autre direction. Mais Yoru ne savait pas encore qui travaillait dans cette "infirmerie". Sûrement une femme d'âge mûre. Il n'était pas au bout de ses surprises...

Susumu avait grogné un peu sur le chemin, c'est vrai. Il ne souriait pas, là. Il voulait juste retourner dans sa chambre et redevenir normal : en bonne santé, et souriant. Sa personnalité avait complètement changée au contact du professeur, sans qu'il puisse se l'expliquer. C'était peut-être tout simplement un symptôme de sa maladie? Le petit blond en douta, il n'avait jamais entendu parler de ça.

-Je sais que tu ne veux pas que quelqu'un comme moi s'occupe de toi, ou t'aide dans ce genre de moment. Mais vu que je suis le seul dans les parages à t'avoir vu, je ne vois pas d'autre solution. Alors que tu le veuilles ou non, je t'emmène à l'infirmerie.

J'aurais très bien pu me débrouiller seul, songea Susumu. Toujours ce mal de crâne. Le garçon traînait presque des pieds, et pas uniquement à cause de la fièvre. Il n'avait pas envie d'aller à l'infirmerie, il était malade, mais avant tout il avait faim et voulait qu'on le laisse tranquille. Les deux garçons arrivèrent devant la porte, et entrèrent. Sans regarder qui pouvait bien être dans l'infirmerie, il lança un bref : « Bonjour. » et resta debout sans rien dire de plus.
"Bonjour" dans ces circonstances n'était pas forcément le truc à dire. Il n'accorda aucun regard à personne, et prit un air boudeur, en se frottant les yeux pour se donner une contenance.

Aoi écrasait tout juste sa cigarette lorsqu'un "Bonjour" résonna dans l'infirmerie restée vide jusqu'à cette heure-ci. Soufflant sa dernière bouffée de fumée, il enfonça ses mains dans les poches de sa blouse et se tourna vers le nouvel arrivant. Ou plutôt les deux nouveaux arrivants. Un adulte, certainement un professeur, accompagné d'un élève. Bon, vu l'état vaseux du jeune garçon, il constata que c'était plutôt l'élève qui était accompagné du professeur. Involontairement, ses yeux se baladèrent sur l'adulte, à qui il accorda l'étiquette "Androgyne relativement sexy", mais ne s'y attarda pas plus longtemps et soupira en prenant le garçon, qui tirait présentement la gueule, par le bras. Sans un mot, il obligea gentiment le blondinet à s'asseoir sur le lit posé dans un coin de la pièce, et lui foutu un thermomètre dans la bouche en allant s'asseoir à son bureau.

-Si tu l'enlèves, je te fous un suppositoire de force. C'est clair ?

Certain que le message était passé, Aoi se tourna vers le professeur et le fixa droit dans les yeux.

-J'aimerai son nom, son prénom et sa classe s'il vous plaît. Qu'est-ce qui lui est arrivé ?

Il ne daigna même pas baisser les yeux. À la fois parce que le joli visage de cet homme le plaisait un peu beaucoup, mais également parce qu'il ne savait pas réellement où foutre ses yeux. Et puis, on lui avait appris à toujours regarder le visage d'une personne lorsque l'on était en discussion avec celle ci.

Lorsqu'ils entrèrent, le regard de Yoru se posa de suite sur la seule personne présente. Un homme. Grand, les cheveux blancs, la peau de couleur crème, bref, une personne normalement constituée aurait pensé "Oh mon dieu quel canon!" Yoru fut rassuré de constater... qu'il faisait parti de ces personnes.

Sans plus attendre, l'infirmier prit Susumu par le bras et l'obligea à s'asseoir sur un lit. Sans une once de délicatesse, il lui fourra un thermomètre dans la bouche en lui disant "gentiment" de le garder suivit d'une "négociation" des plus claires fût énoncée. Après s'être occupé de l'élève, l'infirmier s'approcha de Yoru. C'est un rapide... Il planta son regard dans celui du professeur et s'adressa à lui brusquement:

-J'aimerai son nom, son prénom et sa classe s'il vous plaît. Qu'est-ce qui lui est arrivé ?

Hésitant, Yoru jeta un bref coup d'oeil au jeune garçon sur le lit. Il reporta son regard sur son interlocuteur qui attendait toujours une réponse.

-Euh... Shyghost Susumu, de la 2-A. En fait on était en train de discuter et soudainement il est devenu tout blême. Alors je l'ai amené ici...

Bon d'accord, Yoru aurait dû être aux anges face à cet homme, mais il fût plutôt effrayé par son attitude.

-Je... je peux vous laissez? J'ai des choses à faire je n'ai pas trop le temps pour rester.

Susumu fut attiré sur le lit par l'infirmier, et ne discuta pas. Il lança un regard noir à l'homme aux cheveux blancs quand celui-ci la força à garder le thermomètre dans la bouche, et croisa les bras. Quand l'infirmier posa les questions, il se retint tout juste de lui lancer "Je sais parler, je peux répondre moi-même", mais se tut de justesse, se rendant compte que de toute façon il ne pouvait pas parler avec le thermomètre dans la bouche. Et l'homme semblait déjà assez énervé comme ça. De plus, Natsui-sensei commençait déjà à répondre :

-Euh... Shyghost Susumu, de la 2-A. En fait on était en train de discuter et soudainement il est devenu tout blême. Alors je l'ai amené ici...

Susumu lui lança un regard interrogateur. C'est la première fois qu'il voyait son prof dans cet état, hésitant et mal à l'aise. Enfin, il supposait qu'il l'était, vu le ton de sa voix.

-Je... je peux vous laissez? J'ai des choses à faire je n'ai pas trop le temps pour rester.

Malgré les assentiments qu'il éprouvait envers son prof d'anglais, il était clair que Susumu ne voulait pas resté seul avec l'infirmier brutal. Il s'installa un peu mieux sur le lit, jusqu’à s'y allonger, sans lâcher des yeux les hommes, et en mordillant légèrement le thermomètre, un peu stressé. Non pas qu'il avait peur de l'infirmier... Enfin...
Il se retint de bayer, pour éviter de faire tomber le thermomètre. C'est alors qu'il entendit un petit : "BIP" s'échapper de l'appareil.

« Euh... » commença-t-il en regardant l'homme aux cheveux blancs, et en pointant l'objet du doigt.

-Euh... Shyghost Susumu, de la 2-A. En fait on était en train de discuter et soudainement il est devenu tout blême. Alors je l'ai amené ici...Je... je peux vous laissez? J'ai des choses à faire je n'ai pas trop le temps pour rester.

Aoi poussa un léger soupir en allant s'installer face à son bureau pour noter sur son ordinateur les précédents renseignements donnés par le professeur.

-Non, vous ne pouvez pas partir. Il faudra bien quelqu'un pour le ramener dans sa chambre, et je ne tiens pas à voir un élève s'évanouir au beau milieu du lycée parce que j'aurai été négligent.

Il s'efforça d'offrir un semblant de sourire à l'homme qui lui faisait face et retourna ensuite auprès de Susumu lorsque le thermomètre cracha un "BIP" significatif. Les yeux rivés sur le garçon, il lui retira le thermomètre de la bouche, constata la température et sourît d'un air carnassier.

-39, 7. Tu nous as sorti une jolie fièvre toi. Tu as eu des nausées récemment ? C'est peut-être une gastro.

Attendant patiemment la réponse du blondinet, il prît une aspirine dans son armoire à pharmacie, prît un verre d'eau et les tendît au garçon.

-Vous pouvez attendre dehors si vous voulez, lança-t-il à l'égard du professeur.

"BIP" Ah! C'est l'heure de vérité. L'infirmier se dirigea vers Susumu qui attendait patiemment qu'on lui retire le thermomètre. L'infirmier eût soudainement un air de... sadique? Oui c'était le mot juste. De gros yeux, et un sourire plein de dents. Glps... Heureusement que ce n'était pas Yoru à la place du jeune blond.

-39, 7. Tu nous as sorti une jolie fièvre toi. Tu as eu des nausées récemment ? C'est peut-être une gastro.

Ouaw! Peut-être que ce n'était que des hypothèses mais l'infirmier l'avait dit sur un ton très sérieux. Une simple fièvre pouvait traduire une gastro? C'est assez grave tout de même. En attendant la réponse du jeune garçon, l'infirmier se tourna une dernière fois vers le professeur.

-Vous pouvez attendre dehors si vous voulez.

Oh oui. De légers frissons remontèrent le long de la colonne vertébrale de Yoru quand il franchit le seuil de la porte presqu'au grand galop. Cet infirmier... en plus d'être canon, il était effrayant...

Susumu ne put s'empêcher de sursauter quand l'infirmier s'approcha de lui. Il lui retira le thermomètre, et le regarda d'un air étrange. Le blond tourna brusquement la tête pour éviter de croiser à nouveau son regard.

-39, 7. Tu nous as sorti une jolie fièvre toi. Tu as eu des nausées récemment ? C'est peut-être une gastro.

Susumu réfléchit. Il n'avait rien eu de tout ça. Il lança à nouveau un regard à l'homme quand celui-ci proposa à son prof de sortir de la pièce. Sortir... Sortir!? En le laissant seul?! Avec LUI? Susumu n'eut pas le temps de lui lancer un regard implorant que l'autre étant déjà partit à moitié en courant.
Tsss... songea-t-il, mal à l'aise. Comment a-t-il osé me faire ça?

Le lycéen se reprit. Il regarda l'infirmier droit dans les yeux et arbora son sourire habituel :

« Non, je ne crois pas. Enfin, je veux dire, j'en suis sûr. J'ai juste commencé à avoir mal à la tête, et la tête qui tourne, tout à l'heure dans les escaliers. Rien d'autre. »

Il ne le lâcha pas du regard. Ne pas le lâcher du regard. Ne pas le lâcher du regard. Susumu soupira bruyamment sans s'en rendre compte. Il se demanda si l'infirmier se rendait compte de l'effet qu'il produisait.
Le petit blond était fatigué. Il baya, puis se frotta les yeux. Il avait juste envie de dormir, là, maintenant, tout de suite. Après avoir mangé. Mais surtout pas d'être dans l'infirmerie silencieuse avec ce sadique au teint pâle.

« Non, je ne crois pas. Enfin, je veux dire, j'en suis sûr. J'ai juste commencé à avoir mal à la tête, et la tête qui tourne, tout à l'heure dans les escaliers. Rien d'autre. »

-Bon...-Il jeta un bref coup d'oeil à sa montre en constatant l'air fatigué du garçon-. Tu peux rester ici le temps de te reposer, jusqu'à te sentir un peu mieux.

S'efforçant d'essayer d'offrir un sourire qu'il voulait bienveillant au petit Susumu, il prît son paquet de cigarette sur le bureau, retira sa blouse blanche qu'il jugeait inutile, et se tourna une fois de plus vers le blondinet.

-Je suis dehors si tu as besoin.

Sans un mot de plus, il sortît de l'infirmerie en veillant à laisser la porte ouverte, jeta un bref coup d'oeil au névrosé attendre impatiement dehors et soupira en s'allumant une cigarette.

-Vous savez qu'en vous regardant on a limite l'impression que vous êtes sur le point de désamorcer une bombe ?

Yoru ne cessait de penser à la pile de devoir qui l'attendait. Il avait déjà peu de temps pour dormir. Sa soirée s'annonçait déjà être longue. Tellement prit dans ses songes, il n'avait même pas remarqué que l'infirmier venait de sortir pour fumer. Lorsque sa voix retentit, Yoru dirigea automatiquement son regard sur lui.

-Vous savez qu'en vous regardant on a limite l'impression que vous êtes sur le point de désamorcer une bombe ?

Effectivement. Le professeur avait les coudes posaient sur ses genoux tremblants nerveusement et les mains jointes. Depuis qu'il était sorti, il fixait le vide. Il pensa tout haut:

-Désolé mais quand on est devant un homme comme vous, c'est une réaction tout à fait normale.

Un sourire moqueur trônait à présent sur son visage. S'il voulait que Yoru patiente, d'accord. Mais qu'il ne s'attende pas à ce qu'il soit gentil et mignon tout plein. Il allait se montrer franc.

Susumu hocha la tête quand l'infirmier sortit.
Enfin seul... songea-t-il.

Il se coucha à nouveau sur le lit et observa le plafond. il se demanda ce que pouvais bien faire ses colocataires en ce moment même... Il étaient peut-être avec Kitsune, dans la chambre. Ou alors ils étaient sortis au parc.
Et Yuna?... Susumu se souvint de la jeune fille timide qu'il avait rencontré la veille. Elle s'était confiée à lui alors qu'ils ne s'étaient jamais parlé auparavant... Bien sûr, il avait été heureux, et il faisait tout pour l'aider à faire abstraction de son passé. Mais... le fait que Yuna le compare à ce certain "Hiro" le mettait un peu mal à l'aise. Il soupira, et se tourna sur le côté pour se forcer à penser à autre chose.

Il avait faim, et il était fatigué. Il s'était "disputé" avec son prof d'anglais. Il lui avait dite des choses qu'il n'aurait jamais dû dire, ou encore auquel il n'aurait même pas penser en temps normal. Puis il était tombé malade. Malgré qu'il est encore mal à la tête, il se sentait mieux que tout à l'heure : ses idées étaient plus claires, et il commençait à avoir des remords, et à se poser des questions. Il ne comprenait toujours pas pourquoi il avait agit comme ça.
Au bout de plusieurs minutes de réflexion, il s'endormit et sa respiration devint régulière.
Il tomba dans un sommeil profond et sans rêves.

-Désolé mais quand on est devant un homme comme vous, c'est une réaction tout à fait normale.

Les yeux posés sur l'horizon, Aoi laissa échapper une bouffée de fumée en haussant les épaules d'un air fataliste. Il avait l'habitude de ce genre de remarques. "Tu es trop froid et imposant" ou encore "Tu es beaucoup trop violent !" ou même "Tu fais peur, au premier regard tu sais ?". Alors autant le dire, ce que venait d'avouer le professeur de l'étonna aucunement. Non, la seule chose qui l'étonna fût le semblant de lunatisme dont il faisait preuve. Il y avait deux secondes de cela, Aoi le voyait comme un pauvre petit professeur chétif et naïf, voilà qu'il agissait de façon moqueuse.

-Je ne m'attendai pas à une autre réaction de toute manière.

Bon, il ne fallait pas exagérer non plus, Aoi n'était pas monstrueux. Ou alors, pas autant qu'il ne le laissait voir. Il se retînt de justesse d'ajouter "Je ne suis pas un monstre vous savez." jugeant qu'il apparaîtrait comme quelqu'un de trop faible. Et puis, ce genre de réaction ne lui ressemblait pas.

-Je ne m'attendai pas à une autre réaction de toute manière.

Le regard concentré sur l'infirmier, Yoru avait complètement changé d'expression. Il se détendu un peu plus et s'installa confortablement. Il était soudainement plus calme. Finalement, il n'est pas si terrible que ça... Le silence prit place. Tout était silencieux. Une légère brise emportait avec elle la fumée s'échappant des lèvres de l'adulte. A ce moment-là, il était tout simplement beau. Le fait qu'il soit froid... Serait-ce une faiblesse? Yoru farfouilla son sac et en sortit un paquet de cigarette. Il fallait qu'il socialise. S'il n'avait pas d'ami parmis les professeurs, il pouvait très bien le devenir avec l'infirmier non? Il releva la tête et s'adressa sans gêne à l'adulte proche de lui, prenant l'initiative - ou plutôt l'audace - de le tutoyer.

-Tu as du feu?

-Tu as du feu?

Surpris par ce tutoiement soudain, Aoi haussa un sourcil mais ne daigna même pas poser les yeux sur le professeur. Bah...Il s'en foutait bien de toute manière. Cherchant distraitement dans la poche de son jean, il sortît son briquet et le tendît nonchalemment à son interlocuteur en tirant une nouvelle fois sur sa cigarette.

-C'est quoi ce tutoiement soudain ?

Il avait employé un ton légèrement moqueur. A la fois pour rendre la pareille à ce lunatique de première, mais également pour indirectement lui montrer qu'il s'en fichait un peu. Pour aussi amoureux du silence qu'il était, Aoi avait pour une fois l'occasion de discuter avec une personne relativement sociale. Autant ne pas laisser ça passer.

-C'est quoi ce tutoiement soudain ?

Il parvint à allumer sa cigarette. Il tendit le briquet vers son propriétaire et reprit la parole:

-Sans raison valable. Désolé, ça va te paraître étrange, mais je n'aime pas vouvoyez les gens, surtout si je travaille au même endroit. Alors, infirmier, professeur ou même femme de ménage, je tutoierai.

Yoru s'étira tout en gardant sa cigarette entre ses lèvres. Il leva les yeux au ciel et débuta un autre sujet.

-Dis-moi, tu travailles beaucoup toi? Enfin je veux dire, tu as beaucoup d'élèves qui viennent te voir? Tu es là toutes les semaines?

Finalement, Yoru commençait un interrogatoire. Involontairement. Mais il fallait bien parler de quelque chose pour créer un lien. Et puisqu'il n'aimait pas vraiment parler de lui... il n'avait pas trop le choix.

-Sans raison valable. Désolé, ça va te paraître étrange, mais je n'aime pas vouvoyez les gens, surtout si je travaille au même endroit. Alors, infirmier, professeur ou même femme de ménage, je tutoierai.

Une fois son briquet au fond de sa poche, Aoi arrangea vaguement une mèche de cheveux ayant eu l'audace de se foutre dans son oeil. Silencieusement, il fixa l'horizon, ne trouvant réellement pas nécessaire de répondre aux explications du professeur. Et après un bref coup d'oeil jeté à Susumu dans l'infirmerie, il tira une nouvelle fois sur sa cigarette tout en déserrant un peu son écharpe autour de son cou. La chaleur commençait à monter ces derniers temps.

-Dis-moi, tu travailles beaucoup toi? Enfin je veux dire, tu as beaucoup d'élèves qui viennent te voir? Tu es là toutes les semaines?

Toujours aussi détaché, Aoi jeta un bref coup d'oeil à son interlocuteur.

-Je suis là toutes les semaines en effet. Les élèves viennent en masse, surtout les filles en fait, les jours où il y a sport, ou un cours qu'ils n'aiment pas particulièrement.

-Je suis là toutes les semaines en effet. Les élèves viennent en masse, surtout les filles en fait, les jours où il y a sport, ou un cours qu'ils n'aiment pas particulièrement.
-Ah je vois... tu dois en avoir beaucoup quand ils ont cours avec moi alors! Lança Yoru, un sourire aux lèvres.

Et puis, plus rien. Juste des regards furtifs lancés par Yoru. Mince... qu'est-ce que je dois dire? Pensant à la masse de boulot qui lui attendait, il en perdit la parole. Il ne pensait à rien, mis à part ces devoirs à corriger. Je vais encore passer la nuit à travailler. Un grognement parvint finalement à le tirer de ses pensées. Gêné par l'immonde bruit provenant de son estomac, le professeur appuya sur celui-ci, comme pour le faire taire, puis il se mit à tousser légèrement. Il trouva une excuse des plus stupides et démodées.

-Il commence à faire froid n'est-ce-pas?

Au contraire, Yoru commençait à s'enflammer mais ce n'était que par gêne, pour le moment...

Susumu ouvrit les yeux, en sursautant. Il avait fait un rêve étrange, mais pas moyen de s'en souvenir... La première chose qui lui vint à l'esprit en se réveillant fut : J'ai faim. Et comme pour y faire écho, son ventre gargouilla.
Le garçon se frotta les yeux, et observa l'endroit où il se trouvait : une pièce froide, à peine décorée : l'infirmerie! C'est alors qu'il se souvint de tout ce qu'il venait de se passer : l'oubli de ses clés, son manque de bonbons, la recherche de ses colocataires... La rencontre avec Natsui-sensei.
Susumu se leva doucement du lit, et se mit assit, en s'aplatissant les cheveux. Il devait aller s'excuser, il avait vraiment dépassé les bornes, et il ne savait pas vraiment pourquoi. Il attrapa son sac par terre et sortit de l'infirmerie en baillant, mais avant de mettre un pas dehors, il aperçut l'horloge :

« OH NOOON!! »

La cantine fermait dans 5 minutes, c'était trop tard pour aller manger! Le blond poussa un soupir déçu, et sortit de la pièce. Dehors, il tomba sur l'infirmier à côté de Natsui-sensei.
Sans se préoccuper du fait qu'il coupait peut-être une conversation, il s'inclina devant son prof :

« Merci de m'avoir accompagné à l'infirmeire, Monsieur Entr... »

Il se releva d'un coup, se rendant compte qu'a force de l'appeler "M. Entrée-Fracassante", il ne connaissait plus le nom de son professeur. Il regarda Natsui-sensei -mais ça il ne le savait pas- et bredouilla, gêné :

« Entrée-Fracassante-sensei. Et désolé pour tout à l'heure... »

Il pensa que c'était certainement mieux que Monsieur Entrée-Fracassante... Il lui sourit gentiment, puis se tourna vers l'infirmier, dont il ne connaissait pas le nom non plus... Il faudrait improviser. Il s'inclina devant lui aussi et lui dit :

« Merci de m'avoir soigné, euh... Infirmier-sensei. Je vais mieux, maintenant. »

Il se releva et adressa à sourire aux deux hommes. Il était redevenu normal, maintenant. Puis il se rappela qu'il avait faim, et leur lança un regard gêné, toujours accompagné de son sourire :

« Euh... Vous auriez quelque chose à manger, s'il vous plait?... »

-Il commence à faire froid n'est-ce-pas?

Aoi regarda son collègue d'un drôle d'air. Froid ? Comment pouvait-il avoir froid face à l'arrivée de l'été. Toutefois, il n'eût pas le temps de répondre comme il l'aurait souhait puisqu'une petite boule éléctrique blonde déboula hors de l'infirmerie afin de s'excuser auprès de...Ah...Je ne connais pas son nom à lui. Aoi retînt un soupir blasé. De toute manière, en quoi le nom de ce professeur l'importait ?

« Merci de m'avoir soigné, euh... Infirmier-sensei. Je vais mieux, maintenant.Euh... Vous auriez quelque chose à manger, s'il vous plait?...»

Sans un mot, l'infirmier écrasa sa cigarette et rentra dans l'infirmerie afin d'y chercher un casse-croûte quelconque dans son tiroir. Bingo...
Posant la petite pâtisserie sur son bureau, Aoi profita de cet instant pour nouer ses cheveux en une queue négligée, et ressortît de son bureauen tendant la nourriture à Susumu.

-Si tu te sens encore mal d'ici une demi-heure, n'hésites pas à revenir me voir.

Ceci fait, il se tourna vers le professeur chétif aux cheveux bleus.

-Au passage, je suis Hinohara Aoi. Et non, il ne commence pas à faire froid, bien au contraire.

Susumu sortit très vite de l'infirmerie.

-Merci de m'avoir accompagné à l'infirmeire, Monsieur Entr... Entrée-Fracassante-sensei. Et désolé pour tout à l'heure...

Yoru étouffa un rire. Son surnom était passé de "Monsieur Entrée-Fracassante" à "Entrée-Fracassante-sensei". Peut-être que le petit cherchait à être un peu plus... poli?

-Merci de m'avoir soigné, euh... Infirmier-sensei. Je vais mieux, maintenant.Euh... Vous auriez quelque chose à manger, s'il vous plait?...

Yoru ne tenait plus. Après le surnom qu'il lui avait attribué, place au superbe "Infirmier-sensei". Un léger rire se décrocha des lèvres du professeur. Après ces remerciements, l'élève semblait plus mignon que jamais.
L'infirmier retourna dans l'infirmerie et en ressortit aussitôt, apportant une pâtisserie au jeune affamé.

-Si tu te sens encore mal d'ici une demi-heure, n'hésites pas à revenir me voir. Au passage, je suis Hinohara Aoi. Et non, il ne commence pas à faire froid, bien au contraire.

C'était trop prévisible... Bien sûr, qui allait laisser passer cette excuse des plus stupides? Mais vu que l'infirmier - prétendant donc se nommer Aoi - se présenta, le professeur pensait que ça allait être oublié.

-Ah. Si c'est l'heure des présentations... Je m'appelle Natsui Yoru. Je vois que cette petite visite à l'infirmerie prend fin.

Yoru se leva, regardant le ciel qui était déjà plus sombre.

-Bon il est tard. J'ai encore beaucoup de choses à faire. Alors je pars devant. Aoi-san, Shyghost. Ja nee!

Il prit sa mallette et quitta les lieux.